Le dedans de dehors
Karl Turpin Bourque | le 3 Décembre 2025
J’ai rencontré Benoît Gauthier en 2022, peu de temps après mon arrivée dans le Kamouraska, par l’entremise d’amis en commun. Je ne l’avais croisé qu’une fois ou deux rapidement, mais je me rappelais de lui : ses allures de Bob Dylan, son humour sec, et surtout sa passion.
Moi, j’aime les gens qui ont de grosses passions. Peu importe ce que c’est, une personne qui trippe vraiment arrive à capter ton attention juste par l’importance qu’elle accorde à son sujet. Même si ça t’intéresse pas tant que ça, il y a de bonnes chances que tu sois captivé.
Benoît, c’est un passionné, un vrai. Il trippe sur la musique, et il est bon parce que ça le passionne. Il adore cuisiner, et je crois qu’il ne m’a jamais rien servi qui n’était pas absolument délicieux. Il trippe sur l’histoire, et il peut t’en parler pendant des heures. Mais ce qui l’anime le plus, c’est partir en forêt, été comme hiver, souvent dans des conditions hors du commun, régulièrement seul.
Je pense que la raison pour laquelle c’est être DEHORS qu’il aime le plus, c’est parce que cette passion encapsule toutes les autres. Il s’inspire de ses ancêtres pour vivre en forêt, il cuisine sur le feu des repas fabuleux, et la « musique » que la nature te joue constamment l’enchante.
De mon côté, j’adore créer des images, des sons, et expérimenter avec les limites de ce qu’une TV communautaire peut faire.
Voir sa passion m’a motivé. On a commencé à parler de faire DEHORS ensemble au moins un an et demi avant de partir vraiment. On a planifié, discuté, re-discuté, et même fait un test : une nuit en plein février, juste pour voir si ça me plait au moins un peu. J’ai adoré, même si je me suis brûlé le flanc sur le bord de son petit poêle à bois dans la tente prospecteur. Ce soir-là, on a mangé de la fondue au fromage, ben tranquille, assis sur un plancher de branches de sapin expertement alignées.
Finalement, on est partis l’hiver dernier, encore en plein février, pour vivre dans la forêt. Et vivre est vraiment le mot. Benoît n’est pas intéressé par l’idée de passer des jours dans le bois en mode survie extrême, à manger des grenouilles et avoir hâte de rentrer chez soi. Il croit qu’on peut être confortable dans le bois, hiver comme été, et il se fait un devoir de le montrer à ceux qui veulent le suivre.
Moi, j’ai toujours aimé camper, mais on parle de quelque chose de classique : planter une tente l’été, pas trop loin du véhicule, et avec une glacière probablement remplie surtout de canettes de bière. Benoît, lui, n’amène pas de glacière. Il park son véhicule et part pour des distances souvent surprenantes.
Bref, je devais me préparer pour ce voyage incroyable, pas juste mentalement, mais aussi techniquement. Je devais filmer tout ce qui se passe, 24h/24 pendant toute la durée du périple. Pour ça, j’avais besoin de caméras légères, pas de trépied, pas de flafla. Je me suis monté une « rig » qui tient sur moi en tout temps, pour rien manquer : petite caméra compacte, pas de micro, batteries à gogo. Trop de batteries.
Pour les nerds : j’avais sur le dos un panneau solaire relié à une grosse batterie dans mon manteau. De là, un câble passait par ma manche pour alimenter ma caméra, grosse comme ma main. Dans une autre poche, batteries de rechange et toute une quincaillerie de kossins pour ne pas perdre un moment. Les cartes mini SD lâchaient parfois, mais sinon le froid n’a pas trop affecté le gear, grâce aux hotpockets que je gardais pour réchauffer l’équipement, en plus des sacs spéciaux que l’atelier Mon Choix a confectionnés pour nous, à partir de vieux coats de police. Au campement, une génératrice électrique permettait de tout recharger le soir. Le drone, lui, était dans une petite sacoche sous mon manteau.
En partant ensemble pour vivre cette expérience, on a aussi découvert qu’on est de sacrés bons amis. Cette dynamique s’est développée tout au long du voyage, et après, on a continué à se voir régulièrement. Inévitablement, on s’est demandé… une saison 2 ?
Ben oui voyons, une saison 2 certain !
C’est rare de pouvoir dire qu’avant même la sortie de la première saison, une deuxième est déjà prête.
DEHORS Saison 1 commence en janvier 2026. C’est un mix de cinéma direct et carnet de route entre deux amis qui font quelque chose d’hors du commun. La saison explique beaucoup de choses qu’on n’a pas besoin de répéter dans la deuxième, qui se passe en été. Même si les gens connaissent mieux le camping estival, nous l’avons fait à la manière de Benoît. La saison 2 prend une direction plus ambiante et « artsy », en explorant la beauté du temple sacré qu’est la forêt, sa géométrie cachée, et l’expérience quasi-spirituelle que tu peux vivre en y passant du temps attentivement.
DEHORS, c’est le produit de deux personnes passionnées, unies pour créer quelque chose d’unique. Et à mon avis, on y est arrivé ! Le show n’est pas parfait (est-ce que quelque chose dans la vie l’est ?), et filmer seul avec tout l’équipement implique quelques limites techniques. Mais cette émission restera une fierté pour longtemps. Pour moi, et pour Benoît aussi.
La saison 1 commence après les fêtes, et saison 2 sera diffusée l’automne prochain, histoire de prolonger l’été un peu.
Bonne écoute !